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les lois de la guerre, qui étaient un cas particulier, mais la partie la plus considérable de la loi de chevalerie. Elle faillit entrer plusieurs fois formellement en conflit avec les lois de chevalerie. Elle y entra formellement au moins cette fois, ce jour où ayant ville prise elle ne voulut point laisser aller un paquet de prisonniers français que les Anglais avaient avec eux dans la ville, et qu’ils voulaient et devaient emmener, car ils étaient à eux, autant qu’on peut être à quelqu’un, de par toutes les lois de la guerre, puisqu’on ne les leur avait pas rachetés, puisqu’on ne les leur avait pas repayés. Mais les marchands du Temple aussi avaient payé la patente, les marchands du Temple aussi étaient en règle. Elle ne s’embarrassait point de tout ça. L’idée de laisser partir tous ces pauvres gens, d’une ville qu’elle avait prise, lui était monstrueuse. Elle ne s’embarrassa pas de tout son règlement. Tout ce règlement, qu’elle savait très bien, qu’elle connaissait parfaitement, mais qu’elle connaissait comme appris, après, qu’elle ne connaissait point d’enfance, de Domremy, tout d’un coup ne lui pesa plus rien dans les mains dans un de ces accès de grande charité comme il n’en a été donné qu’aux plus grands saints. Elle entra dans une de ces grandes colères blanches, de ces grandes colères pures qui faisaient trembler une armée. On céda vite, on céda, on céda, aussitôt on céda. On arrangea tout ça. On se dépêcha. On les paya aux Anglais. On paya. On ne paya pas. Tout le monde avait parfaitement compris que ces gens-là ne s’en iraient pas de là. Les Anglais avaient pourtant capitulé à cette condition qu’ils s’en iraient saufs avec leurs biens. Mais les Anglais aimaient mieux s’en aller. Quand elle était là, ils aimaient géné-