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mots peuvent aller ensemble), — cela même il le fait, cette même opération il la fait pour la culture. D’une part il fait semblant de défendre la culture. C’est la position qu’il adopte officiellement. Il est je pense mon propre collègue dans un des comités de cette Ligue excellente que M. Richepin vient de fonder pour la culture française, pour la défense du français, du latin, et du grec. En même temps il donne, de l’autre main il donne des gages au Parti Intellectuel. Il prend le temps que le Parti Intellectuel va m’assaillir pour m’assaillir en la même forme ; dans les mêmes termes ; à la même date. Ce que faisant il donne au Parti Intellectuel certainement le gage le plus important qu’il pût lui donner. Le gage discriminatoire. Celui qui compte. Le seul peut-être qui compte. Le seul au fond auquel le Parti Intellectuel tînt, et tienne. Le seul qu’il ait à cœur. Et qui soit au fond.

Laissons-moi de côté. Ne considérons pour ainsi dire que le dessin et la forme de l’opération. Je dis que M. le Grix aura beau chercher dans son dictionnaire, dans toutes les langues du monde cette belle opération n’a qu’un nom, dans toutes les langues du monde cette savante opération se nomme une trahison. Elle est peut-être très habile, mais elle est, mais elle se nomme une trahison tout de même. M. Laudet est doublement double. Il trahit la foi et il trahit la culture. En deux trahisons de même forme, symétriques, ou plutôt homothétiques, poursuivies sur deux plans différents dont nous avons commencé de montrer la relation. Et puisque M. Laudet veut des signatures, il voit que je l’écris ici, sous ma signature sous ma responsabilité.