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fasse pas plus ignorant que nous ne sommes. M. Laudet sait fort bien que l’année qui vient de finir s’achevait sur une bataille acharnée entre le Parti Intellectuel et le reste de la nation. Que ces vacances ne sont qu’une courte trêve. Que l’année qui va s’ouvrir est déjà toute chaude d’avance. Qu’elle n’attend que de s’ouvrir. Qu’elle ne demande qu’à s’ouvrir. Que dès son principe, dès son début nous allons assister, je veux dire que j’espère bien que nous allons participer à la reprise, au recommencement de cette lutte acharnée, à peine interrompue. Qu’on a rarement vu autant d’acharnement, autant de passion, autant de violence, autant de ressentiment, autant de haine, — (ce qui est malheureusement généralement bon signe), — autant d’amour. Spirituel. Qu’une fois de plus la France montre qu’elle est le grand pays, le terrain né des batailles spirituelles, des haines spirituelles, des révolutions spirituelles. Que porté en particulier sur la question du latin, et sur la question du français, — (et sur la question du grec), — ce grand débat porte très profondément sur toute la culture, à une profondeur la plus profonde, et que c’est la culture même qui est en cause, comme aux heures les plus graves des dangers d’écrasement de la culture par la barbarie.

D’autre part que M. Laudet ne fasse pas l’ignorant. Qu’il ne se fasse pas plus ignorant que nous ne sommes. D’autre part M. Laudet sait très bien qu’à tort ou à raison les Cahiers de la Quinzaine et moi sommes ou si l’on veut sont ce qui est le plus en butte aux attaques, aux violences, aux perfidies, aux offenses, aux campagnes, aux cabales, aux ignominies, à tous les coups du Parti Intellectuel. Dans ce grand débat qui met d’un côté le