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§ 263. — Une lettre dans le genre humoristique de M. Salomon Reinach à M. Lotte sur ce communiqué du Bulletin me rappelle fort opportunément que je suis fort en retard de ma correspondance avec M. Salomon Reinach. Nous en étions restés à Bernard-Lazare. Ce n’est pas sans un poignement, sans un serrement de cœur que loin de ces misérables arguties de M. Laudet je remonte brusquement à la haute mémoire que nous avons gardée de notre grand ami Bernard-Lazare. Quelques jours après Notre Jeunesse M. Salomon Reinach m’écrivait une lettre à laquelle je souscris à peu près entièrement.

Fixons ce point d’histoire. J’ai dit, et je maintiens, que Bernard-Lazare dans le triomphe ou plutôt aussitôt après le triomphe politique d’un certain parti politique dreyfusiste immédiatement installé dans le triomphe de l’affaire Dreyfus même fut en quelques semaines délaissé, renié par l’État-Major politique dreyfusiste ainsi instantanément constitué parce qu’il devenait embarrassant, parce qu’il demeurait fidèle à une première, à une ancienne, à une originelle mystique dreyfusiste premièrement instituée. Je l’ai dit, et comment ne le maintiendrais-je pas quand tout cela est aujourd’hui acquis, universellement reconnu.

Ceci dit, qui est une thèse de politique générale, d’histoire générale en général, si je puis dire, et d’histoire générale de la politique, il est entendu aussi et je sais bien que Bernard-Lazare conserva jusqu’au dernier jour, — (jusqu’à ce dernier jour qui vint tôt, qui venait, qui était là), — en Israël un faisceau non pas seulement d’amitiés fidèles, mais de fidélités propres, de fidélités fidèles et de fidélités