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éternellement. Il n’y a qu’après le jugement que l’on ne recommencera pas. Jusque là on recommence tout le temps. On ne fait que ça, de recommencer. C’est même cela qui est la vie de chrétienté. La prière, monsieur, recommence tout le temps, le sacrement recommence tout le temps. La naissance même et la mort temporelles recommencent tout le temps. (Et la famille et la race, temporelles, et le labour et les semailles). La tentation, malheureusement le péché recommence tout le temps. Tout le temps tous les jours la prière recommence à demander à Dieu le pain de chaque jour. Le sacrifice de la messe recommence tout le temps le Sacrifice de la Croix.

Son corps, son même corps, pend à la même croix ;
Ses yeux, ses mêmes yeux, tremblent des mêmes larmes ;
Son sang, son même sang, saigne des mêmes plaies ;
Son cœur, son même cœur, saigne du même amour.

Il y a une chrétienté internelle, un internel chrétien qui toujours le même recommence tout le temps.

§ 256. — « D’Annunzio, écrit-il, pourtant capable de miracles, »… — Quel dérèglement des mœurs portant jusque dans le langage même. Quel goût, quelle volonté de parler improprement, de se tromper de registre, quelle obstination à vouloir, à se condamner à parler improprement, que d’écrire, dans un article qui est tout de même en matière de foi, que M. d’Annunzio est capable de miracles.