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Et cela dans tous les ordres, dans toutes les disciplines que nous avons échelonnées au commencement de cette étude.

On a vu des batailles gagnées dans le désordre même et par le désordre, des paniques en avant. On n’a jamais vu des fatigues et des vieillesses donner par erreur des œuvres de nouveauté.

Il peut y avoir dans le désordre une certaine fécondité. L’habitude et le vieillissement essayent en vain de faire le jeune homme.

C’est ça qu’on nomme une révolution, ce grand effort momentanément couronné. L’homme dans son fauteuil qui voit une révolution, fût-ce une révolution mentale, et qui dit : C’est pas malin, lui-même n’a rien dit. La question, dans cet ordre, n’est pas que ce soit malin. C’est que ce soit, à un certain moment de l’histoire du monde, entré dedans. Les plus grandes révolutions, dans tous les ordres, n’ont point été faites avec et par des idées extraordinaires et c’est même le propre du génie que de procéder par les idées les plus simples. Seulement en temps ordinaire les idées simples rôdent comme des fantômes de rêve. Quand une idée simple prend corps, il y a une révolution. La révolution cartésienne a consisté à arrêter la descente, à remonter l’habitude de désordre. La révolution bergsonienne a consisté à arrêter toute la descente, à remonter toute l’habitude organique et mentale.

Il en est ainsi dans tous les ordres. Ce qu’il y a de plus contrarié au salut même, ce n’est pas le péché, c’est l’habitude. Des milliers de créanciers répètent