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Et cela, même le véritable physicien aussi le sait. Qu’il n’est pas institué en face du contraire physicien, mais à côté du contraire physicien, en face d’une nature toujours plus profonde et plus mystérieuse.

Assister à un débat de philosophie ou y participer avec cette idée qu’on va convaincre ou réduire son adversaire ou que l’on va voir un des deux adversaires confondre l’autre, c’est montrer qu’on ne sait pas de quoi on parle, c’est témoigner d’une grande incapacité, bassesse et barbarie. C’est témoigner d’un grand manque de culture. C’est montrer qu’on n’est pas de ce pays-là.

Si le discours de la Méthode a un sens, c’est bien qu’il faut aller pas à pas et avec une extrême prudence. La-dessus il aboutit à une marche, à un progrès, à une démarche qui exige que l’on saute entre le point de suspense et le point d’arrivée.

Si le discours de la Méthode a un sens, c’est bien qu’il faut que la démarche de l’esprit à l’objet soit une déduction, un degrés continu. Un aller continu. Là-dessus le voyage cartésien réel est un aller, puis un retour et aller.

Quand j’étais enfant, dans les provinces du Centre, toutes les fois qu’il y avait dans les jeux à mesurer une distance sur le terrain, par exemple pour les « prisonniers » aux « barres », on se gardait bien de mesurer par enjambées, parce qu’on pensait que même involontairement des enjambées pouvaient être inégales. On mesurait, (et on comptait), pied à pied, c’est-à-dire le derrière du talon du pied droit juste et modérément