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ou moins en la connaissance de la nature : ce que je me promettais de faire connaître par le traité que j’avais écrit, et d’y montrer si clairement l’utilité que le public en peut recevoir, que j’obligerais tous ceux qui désirent en général le bien des hommes, c’est-à-dire tous ceux qui sont en effet vertueux, et non point par faux semblant, ni seulement par opinion, tant à me communiquer celles qu’ils ont déjà faites, qu’à m’aider en la recherche de celles qui restent à faire. »

Qui ne voit que par une telle brèche tout le non-déduit peut rentrer. (Si à chaque fois il faut quitter la voie déductive à un certain point de suspense, faire un saut (où, dans quelle direction, et comment sait-on que c’est dans cette direction), et trouver le point de réalité d’où il faut revenir à ce point de suspense). Mais une grande philosophie n’est pas celle qui n’a pas des brèches. C’est celle qui a des citadelles.

Une grande philosophie n’est pas celle qui n’est jamais battue. Mais une petite philosophie est toujours celle qui ne se bat pas.

Singulier voyage que nous propose Descartes. (Mais il est bien forcé). Singulier voyage que le voyage cartésien. C’est proprement le voyage interrompu. C’est le voyage discontinu. On descend, on s’arrête (ou on est arrêté), on saute (où, et comment), on touche un point qui sera le point d’arrivée définitif et qui pour l’instant est un point de départ momentané, on remonte, on revient au point d’arrêt, on redescend au