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tincte, ce sera et parce qu’elle sera plus commode et parce qu’elle épousera de plus près de nouveaux aspects de la réalité physique. Ce n’est pas en fonction du discours de la méthode que l’on réadoptera l’hypothèse des tourbillons cartésiens. Ce ne sera même pas en fonction de la physique cartésienne. Ce sera si je puis dire en proportion de la physique tout court. Et en vue de la physique tout court. On reprendra l’hypothèse des tourbillons cartésiens parce qu’elle rendra mieux compte des faits, des observations, des calculs établis à partir des faits et des observations. On ne la reprendra point par goût mais par force. On ne reprend jamais rien que par force. On ne la reprendra point par vertu mais par grande nécessité. On ne la reprendra point pour assurer l’ordre de la pensée, (après deux siècles et bientôt deux siècles et demi on a fini par s’apercevoir que les lois de l’attraction et de la gravitation universelle étaient généralement applicables et parfaitement calculables mais que l’hypothèse même de l’attraction à distance et de la gravitation à distance était parfaitement impensable, c’est-à-dire enfin que Newton est métaphysiquement impensable). (Car on voit mal comment un éther serait un conducteur parfait de l’attraction et de la gravitation, comment un éther conduirait instantanément de l’attraction et de la gravitation à distance, comment un éther ferait des transports instantanés de forces qui seraient celles de l’attraction et de la gravitation.) On ne reprendra donc point l’hypothèse des tourbillons cartésiens pour assurer l’ordre ni pour assurer la pensée ni pour assurer le discours ni pour assurer la méthode. On la reprendra parce que la réalité