Page:Peguy oeuvres completes 09.djvu/19

Cette page a été validée par deux contributeurs.

térieur des différents ordres. Et pour ainsi dire en montant le long à l’intérieur des différents ordres.

Il faut être bête, il ne faut pas être systématique, et ceci aussi est indispensable pour ne pas faire de carrière : il faut dire ce que l’on voit. Je vois que le pathétique des Grecs et des Français, étant classique, est infiniment plus clair que la critique allemande, qui est romantique. Ou plutôt le pathétique des Grecs et des Français est clair et la critique allemande ne l’est pas. Et la critique des Grecs et des Français, étant classique, est profonde, et le pathétique allemand, étant romantique, ne l’est pas.

Rien n’est aussi clair que les invocations ou que les lamentations d’Antigone. Rien n’est aussi clair que les stances de Polyeucte. Par contre rien n’est plus profond qu’une analyse et une critique platonicienne, rien n’est plus profond qu’une analyse et une critique de Pascal.

Cessons donc d’attribuer certaines qualités à certains ordres comme des pardessus. Mais poursuivons parallèlement à l’intérieur des différents ordres et sachons reconnaître les qualités parallèles.

Cessons donc aussi, et indépendamment de leurs situations dans les ordres, de considérer comme contradictoires en elles-mêmes des qualités qui précisément ne sont contradictoires que dans les classements des intellectuels. Où a-t-on jamais vu que le clair exclût le profond ou que le profond exclût le clair. Ils s’excluent dans les livres, dans les didactiques, dans les manuels. Ils ne s’excluent ni dans la nature ni dans cette autre nature qu’est la grâce. Ni dans la nature ni dans cette deuxième et supérieure nature qu’est la