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ŒUVRES POSTHUMES

seulement de leur complaisance, qui est acquise, mais de ce qui est moins acquis, de cette sorte de prédesti- nation propre de leurs noms, qu'ils avaient reçus pour- tant sans doute avant de devenir des assassins in vivo, en réalité, en fait, et qui sont si évidemment pourtant déjà, d'avance des noms d'assassins, dès avant des noms d'assassins. Avant quoi, avant ce qui est arrivé. Cas- taing et Lacenaire. Soufflard, Robert Macaire. Poul- mann, Mandrin. Et ce Mingrat.

��Il y aurait une thèse à faire, et ça en ferait toujours une de plus, dit l'histoire, et une belle grosse thèse, comme on les veut, bien nourrie, certainement une thèse « latine », mais peut-être fort bien une opulente thèse « française » sur la situation faite aux assassins dans toute l'œuvre de Victor Hugo. Non seulement dans les Châtiments, où il le fallait, où c'était indiqué, où ça venait tout seul et de soi-même. A cause de Napoléon. Mais aussi bien et presque autant dans toute son œuvre depuis toujours, dans les Misérables, dans la Légende des Siècles, et je pense jusque dans les plus pures Contemplations. Ça ferait vraiment une belle et forte thèse d'histoire littéraire, bien spécifiée, bien nette en matière, en même temps bien pleine, bien pertinente, bien délimitée, comme on les aime, et on a raison. Hugo aimait les assassins, c'estun fait. Il y étaitcertainement poussé par son goût des noms propres singuliers et qui

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