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occasions. Ce vers, ce second vers, si profondément coupé, si profondément nombre lui-même sur un rythme de glas, ce plus long- vers, ce vers de neuf contre des vers de six fait la barre d'appui de chaque couplet. Répété, refrain secret, refrain intérieur de couplet en couplet il fait la barre d'appui de tout ce funèbre con- voi funéraire. Il correspond d'ailleurs au refrain même (intérieur) de Malbrou, il procède, il vient directement du refrain intérieur de Malbrou. (C'est ainsi déjà, c'est ainsi pareillement que Beaumarchais avait mis exac- tement là, ou plutôt avait laissé là son refrain ainsi, — Que mon cœur, mon cœur a de peine). — Car c'est aussi une marque propre du génie, son procédé même, et le respect qu'il a certainement de la plus commune réalité, — (d'autant plus peut-être qu'elle est plus com- mune), — dans ces sortes d'emprunts que de respec- ter, que de ménager, de procéder par dérivation, par déduction, par déconduction, sans aucun chambarde- ment.

��Avec une sorte de piété il faut que le couplet suive le couplet. Je veux dire : Il faut que le couplet litté- rairesuivelecoupletpopulaire. Autrement, à la moindre incartade, tout le bénéfice, tout le sérieux, tout le sel de l'opération disparaît. Si on s'écarte, si on triche, alors ce n'est pas la peine. Ces sortes de jeux ne sont graves, ils nesont tragiques qu'autant qu'ils sont fidèles

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