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OEUVRES POSTHUMES dans les lotus et dans les lotos et dans les archéologies et dans les restitutions. Ni même dans les Aphrodite. Il était comme Racine, Vénus lui suffisait, à sa proie attachée. Et c'est donc lui qui avait fait au vieux nénu- phar, au simple nénuphar, non plus sous le nom de lotus, mais sous le nom de nénuphar, sa fortune maxima.

De tous les livres du monde, vous le savez, il n'y a pas dans les livres de l'humanité un seul livre qui soit certainement aussi pamphlétaire, aussi polémique, et certainement aussi lyrique, sinon tragique, mais peut- être aussi épique que les Châtiments. Or dans ces Châtiments mêmes, dans ces sept livres des Châti- ments il y a un Châtiment, une castigation funèbre entre toutes, et qui sonne comme Villon le glas de la mort même et qui sent comme Montfaucon l'odeur du cadavre même. Or ce Châtiment d'entre les châtiments, ce châtiment de cimetière et cette résurrection du crime est tout entière conduite sous le commandement de cette rime funèbre et sous la menace de ce mot secrètement affreux : le nénuphar.

��C'est un poème chanté. Ou pour parler exactement c'est un poème à chanter. Il est extrêmement remar- quable qu'il y ait si peu de poèmes à chanter dans cette immense et glorieuse histoire des lettres françaises. Là aussi il y aurait peut-être matière à quelque approfon-

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