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elle crée une énorme caisse d'épargne universelle, une caisse d'épargne commune pour toute la commune humanité, une grosse caisse d'épargne intellectuelle générale et même universelle automatique pour toute la commune humanité, automatique en ce sens que l'humanité y mettrait toujours et n'en retirerait jamais. Et que les apports d'eux-mêmes s'ajouteraient infatiga- blement toujours. Telle est la théorie du progrès. Et tel en est le schème. C'est un escabeau. C'est un escalier que l'on monte, et de qui l'on ne descend jamais, et où même l'on ne descend jamais, et de marche en marche toute acquisition de hauteur est acquise; définiti- vement; sans perte ; finalement; sans déperdition; et même sans frottement; (car il faut qu'ils ignorent le frottement, et le tiennent égal à zéro) ; c'est un escalier bien fait; toute marche qui vient après est forcément plus haute que toute marche qui vient avant; on ne peut que monter; on monte toujours ; on ne descend jamais; on ne peut pas descendre. Malheureusement pour ce système, pour le système de cette théorie, la réalité ne monte point aussi facilement à l'échelle ; et ni la réalité généralement, ni particulièrement l'orga- nique ne se sont point engagés à suivre aveuglément la logique, aveuglément ou non, et ils ne la suivent peut-être jamais. Les fonctions d'épargne ont leur importance, qui est grande. Les betteraves et les carottes, les pommes de terre et les navets sont là pour nous le dire. Les pommes de terre rendent de grands services, surtout frites. Mais elles ne sont pas

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