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rique, c’est-à-dire de l’œuvre et de l’événement enregistré. Briséis est entre nos mains. C’est un grand danger pour elle. C’est un grand danger pour Achille. C’est exactement de cette contrariété intérieure que tout le temporel est véreux, mon pauvre ami, que l’historique, tout l’historique, défini comme historique, est véreux, que l’événement est véreux, que l’œuvre, cet événement, cette part(ie) intégrante de l’événement, est véreuse. Telle est ma profonde blessure, ma blessure temporelle, ma blessure éternellement temporelle. Telle est ma secrète blessure, qui ne guérira jamais. Certes née dans un peuple intelligent quand innocente j’envoyais mes jeunes sœurs par les sentiers de cette montagne intelligente, je ne prévoyais pas, qui aussi eût soupçonné que notre grand-père le temps nous réservait en secret une telle infortune, intérieure, ultérieure, temporellement éternelle, invincible, indépouillable, un tel creux secret : d’être comme lui véreuse ; irrévocablement ; et comme lui d’être rongée de ce cancer ; comme le vieux grand-père (et ce n’est pas Guillaume I er que je nomme ainsi) nous a légué cette tare, secrète ; et comme il nous Ta léguée à tout ce qui est de lui, à toute la création, temporelle, universellement à tout ce qui est du temps. Quelle effrayante application, mon ami, quelle effroyable, quelle universelle application de ce vieux principe que naïvement et (pseudo-) scientifiquement vous croyez avoir découvert, et qu’un peu solennellement vous nommez, vous avez intitulé le principe de l’hérédité. Tout ce qui procède du temps,