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tuelles ultérieures, la pire, la dernière des conclusions. Lui-même il ne peut plus, il ne veut plus (y) travailler parce qu’il se sent devenir public ; et que c’est pour lui comme un écœurement, une pétrification. Mais ce même public au contraire il ne se sent pas devenir public. Il est venu au monde comme ça. Il n’a jamais été auteur. Il n’est point le père de cette œuvre. Et au moment même que vous cessez d’y travailler, que vous ne pouvez plus, que c’est plus fort que vous, parce que vous sentez qu’invinciblement, vous auteur, d’auteur vous commencez de devenir public, à ce même moment même ce même public, lui qui n’a pas les mêmes raisons, c’est à ce même moment qu’il commence au contraire de travailler; impudent : impudemment ; grossier : grossièrement. Et il en a comme ça pour longtemps. Il faut espéier: pour toujours. Car s’il s’arrêtait une fois, ce serait encore pire ; ce serait le pire. Quel risque, mes amis. Et pour l’œuvre, et pour l’auteur, quelle infortune. C’est pourtant la commune infortune temporelle. C’est la commune infortune historique même. C’est hélas la seule fortune. Courir ce risque, être entre toutes les mains, les plus grossières, courir ainsi, y courir tous les risques ; ou courir ce risque pire au contraire, le risque suprême : n’être plus en aucunes mains. C’est-à-dire, au fond, la maladie, ou la mort. Telle est la commune mesure historique, la commune infortune historique mécanique même, la commune infortune temporelle de l’œuvre et de l’événement temporel, de l’œuvre et de l’événement histo-