Page:Peguy oeuvres completes 08.djvu/46

Cette page n’a pas encore été corrigée

CE U V R E S POSTHUMES

n'est rien de le dire. Nous sommes libres de tenir les propos que nous voulons, hélas, c'est-à-dire d'appor- ter, d'introduire les collaborations que nous voulons. Nous sommes libres de dire et de faire toutes les sot- tises, que nous voulons. Et nous en voulons beaucoup. Et ce qu'il y a de pire, c'est que quand nous n'en vou- drons plus, alors ce sera le pire, car ce sera l'oubli, fourrier de cette mort. Si dur que soit ce texte, et si marmoréen, ce texte du Pentélique, ce texte de Paros, et quelle qu'en soit la patine trente fois séculaire, il est tout de même en nos mains (quelle imprudence ! mes enfants) (et comme j'avais bien raison de dire : quel scandale ! et par voie de conséquence et ensemble quel mystère donc.) Trois mille ans ont passé sur la cendre d'Homère. Trois mille ans de lectures, sauf quelques siècles d'interruption, et les (innombrables) siècles d'interruption et de barbarie qui viennent. Enfin, sans nous, qui allaient venir. Trente siècles de bonnes et de mauvaises lectures, sauf quelques siècles de zéro lecture, les pires de tous, y compris ceux qui viennent. Enfin qui allaient venir. Qui s'ajoutent non comme un supplément arbitraire, mais comme un complément inévitable, comme un complément définitif, aux siècles de mauvaise lecture. Les bonnes lectures achèvent et ne parachèvent pas. Elles ne mettent point la fer- meture. Les mauvaises lectures désagrègent. Les nulles lectures font la consommation des siècles ; elles font la consommation des temps; elles accomplissent la désagrégation suprême, la désagrégation finale ; elles

36

�� �