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pathie, mais avec amour ; qu'il faut entrer comme dans la source de l'œuvre ; et littéralement collaborer avec l'auteur ; qu'il ne faut pas recevoir l'œuvre passivement ; que la lecture est l'acte commun, l'opération commune du lisant et du lu, de l'œuvre et du lecteur, du livre et du lecteur, de l'auteur et du lecteur ; comme le spectacle est l'acte commun, l'opération commune de l'œuvre dramatique et du spectateur, de l'auteur dramatique et du spectateur; comme la contemplation de la statue, la représentation de la statuaire est l'acte commun, l'opé- ration commune de l'œuvre et du spectateur, de l'auteur statuaire et du spectateur. Une lecture bien faite, une lecture honnête, une lecture simple, enfin, une lecture bien lue est comme une fleur, comme un fruit venu d'une fleur ; (elle est comme le duvet sur la pêche, disait l'an- cien) ; elle est comme un spectacle bien vu, bien regardé ; comme une statue harmonieusement vue, eurythmi- quement regardée ; la représentation que nous nous donnons d'un texte est comme la représentation que l'on nous donne d'une œuvre dramatique (et aussi que nous nous donnons) ; elle est comme la représentation que l'œuvre nous donne (et que nous nous donnons aussi) d'une œuvre statuaire; elle n'est pas moins que le vrai, que le véritable et même et surtout que le réel achèvement du texte, que le réel achèvement de l'œuvre ; comme un couronnement ; comme une grâce particu- lière et coronale; comme une ombelle à l'achèvement d'une tige ; comme un fronton mis sur les colonnes du temple; comme un fronton placé, harmonieusement