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articulations de relief, par des articulations politiques, par des articulations historiques qui les dessinent, qui sont censées les représenter et qui les représentent plus ou moins fidèlement, tant qu’on voit ces brisures de la surface, ces montagnes par plissement, ces contractures, on peut se donner le plaisir de croire qu’on y comprend encore quelque chose. Mais quand il n’y a plus rien où se prendre, on sent qu’on est dans l’événement même, et dans le pur vieillissement.

Rien ne vient plus maquiller la surface de cet irréversible fleuve.


Cela étant et pour devenir l’homme d’un siècle l’opération n’est pas aussi simple que le donnerait à penser cette grande réussite de Victor Hugo. Il ne suffit pas seulement d’être centenaire, et séculaire. Il faut, ce qui est tout autre, être l’homme d’un siècle. Il faut choisir un siècle, et il vaut infiniment mieux le choisir bien historique, bien chronologique, bien chronographique, c’est-à-dire historiquement bien jalonné. Et il vaut mieux aussi que ce soit un grand siècle.

Au deuxième de ces deux points de vue le dix-neuvième siècle français est un très grand siècle. Mais au premier de ces deux points de vue je ne crois pas que l’on puisse trouver dans l’histoire d’aucun peuple un siècle aussi remarquablement jalonné que le dix-neuvième siècle français. Le siècle qui commença sur