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deur d’homme, plus que pour un âge d’homme, plus que pour un homme unité de temps. Et même absolument parlant plus que pour un homme unité. Mais il peut se vanter que son vieillissement n’est pas seulement jalonné, qu’il est constamment encastré. Qu’il est plafonné. Qu’il est comme une belle voûte de plafond cloisonnée, régulièrement coupée en caissons, régulièrement accentuée de moulures. Et celui-là ne se plaindra pas de manquer d’arcatures et de nervures.

En outre, dit-elle, que ne sera-ce point de nous, (elle épousait notre sort), qui laboramus, qui peinons en dessous, depuis cette Beauce, depuis le commencement de cet immense plateau de la Troisième République. Nous n’avons plus, (dit-elle), que des événements de sourciers. Dans l’autre système, dit-elle, dans le système Hugo, dans le système où on naît en 1802 on a au moins cette impression, on a au moins cette illusion d’en faire, et que le monde en fait pendant ce temps-là. Et quand on voit tant d’événements articulés en relief on croit voir que ce sont eux qui entraînent et qui font le vieillissement. Combien notre cas est plus mystérieux, dit-elle, et combien notre cas et notre système et combien notre histoire est plus poignante, car pour nous l’événement joue seul et le vieillissement joue seul et nous sommes nus en face du vieillissement. On ne peut pas dire que c’est d’avoir fait ceci, qui nous a vieillis de tant, et d’avoir passé par cette articulation qui nous a encore vieillis de tant. Nous vieillissons en plaine, et sur cet immense plateau. Depuis quarante