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l’événement du monde ne s’écoule point, ne se dépense pas, ne se détend pas constamment avec la même vitesse, selon le même rythme, dans le même mouvement. Regardez seulement, regardez simplement, permettez-moi de le dire regardez innocemment dans votre mémoire et ainsi et en dedans d’elle dans la mémoire de votre peuple. Vous y verrez, vous y voyez que l’écoulement, que l’événement du réel n’(y) est point homogène, qu’il n’est point seulement un temps et qu’il ne fait point seulement un temps, qu’il n’est point un écoulement, un événement d’un temps homogène, d’un temps formé du spatial, d’un temps mathématique, d’un temps arithmétique, d’un temps théorique, (et en outre et en plus nous dirons ici d’un temps historique), il n’est pas seulement une pure matière mathématique, arithmétique, théorique, historique, vous y voyez qu’il est des durées réelles, réellement des durées de peuple, réellement peut-être une durée du monde même. C’est-à-dire que l’événement d’un peuple et sans doute l’événement du monde est rythmé et peut-être même régulé. Regardez, dit-elle, dans votre mémoire pour ce peuple. N’est-il pas évident que l’événement n’est point homogène, que peut-être il est organique, qu’il y a ce qu’on nomme en acoustique des ventres et des nœuds, des pleins et des vides, un rythme, peut-être une régulation, des tensions et des détentes, des périodes et des époques, des axes de vibration, des points de soulèvement, des points de crise, de mornes plaines et soudain des points de suspension.