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ŒUVRES POSTHUMES que pour ces personnes il n'y a rien. Je dis rien là. (Et rien nulle part). Mais pour les personnes qui veulent vraiment savoir de quoi on parle, il est permis de dire que nulle donnée n'est peut-être autant une donnée que la donnée du secret de fortune.

Et je ne voudrais pas, (dit-elle), parler le langage de la philosophie bergsonienne, puisqu'il paraît que c'est défendu. Mais enfin j'en suis restée à YEssai sur les données immédiates de la conscience et il est presque impossible de ne pas se demander si le monde même n'a pas une durée qui ne serait que sous-tendue et enregistrée par le temps du monde ; mais concordant tout de même avec le temps du monde ; s'il n'y a pas un rythme et une vitesse propre de l'événement du monde ; et des ventres et des nœuds ; et des époques et des périodes ; et une articulation de l'événement du monde.

Ce qu'il y a de certain, (dit-elle), faites-y bien atten- tion, cherchez, regardezsimplement dans votre mémoire: mais regardez immédiatement, au sens où ce mot immédiat est précisément pris dans YEssai sur les don- nées immédiates de la conscience. Il est indéniable que tout le temps ne passe pas avec la même vitesse et selon le même rythme.

Non pas seulement le temps individuel, non pas seu- lement ce temps personnel. Cela c'est entendu depuis Bergson, et c'est précisément en cela que consiste sa découverte de la durée. Mais le temps public même, le temps de tout un peuple, le temps du monde, on est

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