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1JE U V R E S POSTHUMES

réellement. Comment se fait-il qu'il y a des siècles; comment se fait-il que ces dates, que ces morceaux de temps, que ces coupures par cent, qui paraissent pure- ment arithmétiques, soient devenues dans la réalité les articulations mêmes de l'événement de l'histoire. Car il y a des siècles, (dit-elle), non pas seulement des siècles de comptage, de comptabilité horo-kilométrique, mais des siècles de l'événement de l'histoire. Sans remonter plus haut il y a un seizième siècle ; il y a un dix-septième siècle ; il y a un dix-huitième siècle ; il y a un dix-neuvième siècle ; et nous venons de coramen cer un vingtième siècle. On pourrait accorder, (dit- elle), en remontant, qu'il y a eu un quinzième siècle ; et un quatorzième siècle ; et un treizième siècle ; et un douzième siècle. Tous ces siècles ont des dates fort nettes, et fort définies, qui d'ailleurs ne cadrent pas juste avec les dates arithmétiques. 11 y a unelibra- tion. Le dix-septième siècle commence en 1610. Le dix- huitième siècle commence en 1715 et doit finir aux envi- ron de 1789. Le dix-neuvième siècle ne commence qu'en 1815. La Révolution et l'Empire est la plus grande et la plus merveilleuse articulation d'un siècle sur l'autre que l'on ait vu dans le monde depuis qu'il y a ce mécanisme des siècles.

C'est un de ces mystères, (dit-elle), où le savant ne s'arrête point, mais où l'homme s'arrête et se penche. Car il reconnaît que c'est un de ces mystères qui ne sont eux-mêmes qu'un cas particulier du mystère tem- porel, du mystère même de l'événement et de l'histoire.

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