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ŒUVRES POSTHUMES

Ici viennent, ce sont les paroles même de ce vœu. Voici comme y répond la sagesse même, la sagesse antique, Nestor le cavalier de Gérénie :

Et lui répondait ensuite Nestor le cavalier de Géré- nie : « Afride, certes je voudrais bien moi-même être comme quand je tuai le divin Er eu lhalion. Mais nullement les dieux nont donné aux hommes tout ensemble; si alors fêtais jeune, aujourd'hui la vieil- lesse m'atteint, (me vient, m'arrive). (M'est arrivée). Mais même ainsi je serai parmi les cavaliers, et j'or- donnerai par le conseil et par les propos : car telle est la prérogative, (mot à mot la part honorifique du butin prélevée par les chefs avant le partage), des vieillards, (ici un jeu de mots comme dit l'autre intraduisible en français). (Et encore, dit-elle, je ne suis pas bien sûre si c'est l'autre). Mais les lances les brandiront, (ici encore un jeu de mots; il faudrait dire les lanceront pour donner l'équivalent), les brandiront de plus jeunes, qui sont plus aux armes que moi, et se fient à leur force. »

Qui ne voudrait être, dit-elle, à l'âge où il tua le divin Ereuthalion ; et au temps où .ses genoux le suivaient?

Ce qui trompe, dit-elle, c'est les vieillards, (quand ils ne sont pas Nestor). On croit qu'ils sont vieux, ils font croire qu'ils sont vieux. Or ils ne sont pas vieux: ils sont historiens.

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