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CE U V R E S POST H V M E S et c'est beaucoup moins grossier. S'ils avaient le moindre souci de leur temps, et je dirai même s'ils avaient la moindre connaissance de leur temps on ne les verrait pas devenir historiens, ils se feraient, ils seraient mémorialistes et chroniqueurs; ou ils seraient boulangers ou vignerons. S'ils avaient même aucun souci d'aucun temps, et je dirai aucune con- naissance, aucune intelligence d'aucun temps, ils ne seraient pas historiens. Ils seraient mémorialistes et chroniqueurs. Ils seraient poètes, peintres, statuaires. Ils seraient soldats, ministres, empereurs, n'importe quoi.

Maçons, peintres, tailleurs de pierre.

Fermiers. En Beauce.

Il n'y a donc pas, il ne faut donc pas dire qu'il y ;i deux classes, deux catégories d'historiens, qui seraient les bons et les mauvais ; les bons qui feraient de l'his- toire objective, et les mauvais qui feraient de l'histoire subjective. Ça, dit-elle, c'est du jargon germanique. Laissons là le jargon allemand. Ils ne font pas d'histoire objective ni d'histoire subjective, pour cette bonne rai- son que le sujet et l'objet leur sont également inconnus.

Et même interdits.

Si le sujet ou l'objet leur étaient tant soit peu con- nus, ils feraient des choses plus sérieuses, des sonnets, des stances, des virelais, des dizains. Ils feraient des œuvres.

Il ne faut pas dire qu'il y a deux classes d'historiens, qui seraient les bons et les mauvais. Il n'y a qu'une classe d'historiens, qui sont les historiens.

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