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C L I

En ce sens, dit-elle, rien n'est aussi contraire et aussi étranger que la mémoire à l'histoire ; et rien n'est aussi contraire et aussi étranger que l'histoire à la mé- moire. Et le vieillissement est avec la mémoire, et l'inscription est avec l'histoire.

Le vieillissement est essentiellement une opération par laquelle on manque d'histoire ; et l'inscription est essentiellement une opération par laquelle on manque de mémoire.

Que se passe-t-il en effet quand nous assistons aux Burgraves, c'est-à-dire quand nous les voyons jouer ou quand les lisant nous nous les jouons plus ou moins involontairement à nous-mêmes. Quand enfin on nous les représente ou quand nous nous les représen- tons. Pourquoi, comment l'auteur a-t-il aussi parfaite- ment obtenucerésultatcontraire, ce prodigieux manque de recul, d'être, de vieillissement. C'est qu'il a cons- tamment fait de l'histoire, au lieu de faire de la mé- moire, et fait de l'inscription, au lieu de faire du vieil- lissement.

Le vieillissement est essentiellement une opération par laquelle on manque de plan (au singulier), tout y étant reculé selon une infinité de plans réels. Qui sont les plans mêmes où l'événement s'est successivement ou plutôt continûment accompli.

Et cela est aussi vrai, dit-elle, sinon plus, d'une famille, d'une dynastie, (les Burgraves), d'une race, d'un peuple, d'une culture, (de la chrétienté), (même d'une institution), que d'un homme, d'un individu. Plus

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