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ŒUVRES POSTHUMES

qui a été conférée à l'homme. D'être un être qui passe et qui ne revient jamais deux fois sur la même route, (jui ne remet jamais ses pas dans les traces de ses pas. Notamment et ainsi et à la limite de ceci d'être un être qui meurt. (Ceci entre autres, ceci au bout ne se fait qu'une fois). (La mort, cette grande irréversible). De ne pas avoir tout le temps à sa disposition. Mais de n'avoir qu'un temps, chacun un, une fois et dans un seul sens. De risquer enfin, ce qui est la suprême, ce qui est la plus grande grandeur. De risquer précisément la mort, la misère, le risque. De risquer perpétuelle- ment dans la bataille, dans le festin, dans la guerre de l'amour.

Il est vite évident que dans Homère la grandeur des dieux est grande, (non pas infinie), (non pas non plus éternelle en un certain sens), en quantité, et peut-être même en qualité, mais qu'elle n'est pas grande pro- fondément en substance et en essence même. C'est une sorte de grandeur humaine transposée, (détournée), moins précisément ce qui fait la grandeur humaine, ce qui est le propre de la grandeur humaine.

Leur Olympe n'est donc point lié à leur monde, il n'est point un couronnement nourri de leur monde, du même monde, il n'est point ce que le roi de France était dans le royaume de France, et même ce qu'Ulysse était dans son royaume et dans sa maison d'Ithaque. 11 est pour ainsi dire juxtaposé dans le sens vertical. Il est superposé.

Un mépris latent pour les dieux, ignoré peut-être.

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