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C L I

Une duplicité près de qui Ulysse même est toute droiture.

De sorte que ce qu'il y a de plus grand dans toute l'antiquité, notamment dans Homère, ce sont les héros. Non point seulement au sens large les héros humains, les hommes héros, mais au sens propre les demi-dieux.

Et les héros nés d'un homme et d'une déesse ont peut- être encore quelque chose de plus grand, de plus grave, que les héros nés d'un dieu et d'une femme). Non point que ce soit leur demi -sang de dieux qui les avan- tage. Mais au contraire si l'on peut dire c'est leur demi-sang d'hommes qui les avantage comme dieux. Ils en retirent cette profondeur, cette gravité, cette connaissance du destin, cette usagère expérience du sort. De leur demi-sang d'hommes ils tirent tout ce qui est la vertu de l'homme dans le monde antique. Et comme leur demi-sang de Dieux ne consiste pas à en faire des moitiés de Dieux, (ils n'en tirent notamment aucune immortalité), comme leurdemi-sang de Dieux ne leur permet que de promouvoir pour ainsi dire la vertu humaineantiqueàun degré supérieur, (Superi, les dieux d'en haut , de ce redoublement, littéralement de cette

ré) duplication, (ils sont des doubles hommes beaucoup plus que des demi-dieux), de cette toute particulière exaltation il suit qu'ils sont en effet les plus beaux exemplaires de l'homme antique dans le monde antique. Ils sont des hommes agrandis, doublés, exaltés. Ils ne sont nullement des dieux diminués, dédoublés. Heu- reusement pour eux, heureusement pour nous ; heureu-

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