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ŒUVRES PiO S T H U M E S

terre-là. C'est un autre. Les dieux ne sont pas les dieux de ces hommes-là. C'en est d'autres. L'Olympe n'est pas l'Olympe de ce monde-là. C'en est un autre. On s'est trompé. Ils ne sont pas ajustés. Il y a eu un glis- sement. Quelque interférence. Il y a une faille. Ce n'est pas le même terrain en dessus et en dessous. Le ciel et la terre, les dieux et les hommes, les immortels et les mortels, les bienheureux et les infortunés ne sont pas les uns des autres. L'Olympe et le monde ne sont pas l'un de l'autre. On s'est fourni ailleurs. L'Olympe ne domine pas le monde en couronnement d'une hiérar- chie ; sacrée ; il surplombe seulement le monde. Le monde ne le connaît que dans la mesure où il le subit, où il en est écrasé. Il ne le connaît que parce qu'il le subit. Il ne le connaît, il ne le retrouve jamais que pour le subir. Il n'en connaît, parce qu'il en subit, que d'innombrables et d'incroyables sévices, les persécu- tions, les elFets des persécutions les plus éhontées, des ressentiments les plus opiniâtres, les jeux les plus cruels, les plus sanglants caprices. Un manque d'honneur qui n'a d'égal que le respect même et la grandeur de l'homme chez les hommes. Une fourberie, une petitesse, une aigreur, une méchanceté, une félonie, un parjure constant, un manque à la parole donnée qui n'a d'égal que l'honneur et la fraîcheur et la nouveauté et la pu- reté et sinon toujours la droiture, au moins en principe le respect de la parole donnée chez les hommes.

L'Olympe n'est jamais là, on ne le trouve jamais que pour être subi.

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