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C L I pieux, rien n'était aussi pur que l'institution des mœurs antiques. Il faut aller plus loin: rien n'est aussi pieux, rien n'est aussi pur que la beauté antique. Il est temps de le dire, Péguy, et il faut leur expliquer cela: la beauté antique n'a pas toujours été située dans des cuisses russes. Et avant cet ancien qui se nomme Verhaeren, il y a eu cet ancien qui se nommait Homère.

Qu'Homère tout un long jour soit donc votre parrain. Vos éternelles patronnes n'en seront point jalouses. Elles savent le peu que nous sommes; et qu'elles ont pris la meilleure part. Comment celles qui demeurent seraient- elles jalouses de ceux qui sont déjà passés; comment les impérissables seraient-elles jalouses de ceux qui ont déjà péri ; comment celles qui sont en pleine vie, en plein dans la vie, éternellement vivantes porteraient-elles envie à ceux qui sont morts et dès longtemps ensevelis. Tout ce que nous demandons, c'est unjuste ensevelissement. Nous en avons assez, qu'on nous attribue toutes ces indi- gentes impuretés modernes, tant d'imbéciles, tant de dé- bilesluxures, tantde luxuresd'une si pauvre imagination. Pour un long jourgardez, retenez votre âme païenne. Comme vous avez arraché à ces stupides modernes les vivants témoignages de votre chrétienté, ainsi arrachez- leur pendant tout un jour les lambeaux sacrés de notre ensevelissement. D'une âme païenne on peut faire une âme chrétienne. Mais eux, qui ne sont rien, ni anciens ni nouveaux, ni plastiques ni musiciens, ni spirituels ni charnels, ni païens ni chrétiens, eux, ces morts vivants, qu'en ferons-nous?

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