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ŒUVRES POSTHUMES

tyrs avaient été ensevelis dans les plus purs alexandrins. Toutes ces annonces, les plus grandes annonces en porte- à-faux attendaient. Je n'étais pas de force à soutenir cette montante voûte. Je n'étais pas de force à tenir le coup. C'est alors qu'avec cette tranquille impudeur, la plus grande qu'il y ait jamais eu dans le monde, il n'hésita point un instant, il ne recula point de faire appel, c'est le cas de le dire, au jugement lui-même, au vrai, au réel, au propre jugement. Le jugement seul était d'une qualité littéraire suffisante, d'une dimension et d'une force, d'un calibre, d'un gabarit, d'un diamètre à tenir le coup. Mais alors et aussitôt, mais en même temps, mais ensemble il pensait à Combes, il pensait à Pelle- tan, il pensait aux radicaux-socialistes. Si on allait croire qu'il croyait au jugement. Que dirait la clien- tèle ? Aussi avec cette lâcheté civique pour ainsi dire, une des plus grandes qu'il y ait jamais eu dans le monde, s'il n'y avait pas eu depuis celle de M. Jaurès (si curieusement apparentée d'ailleurs à celle de M.Jau- rès, mais n'est-ce pas tout simplement la lâcheté des démagogues, et n'est-ce pas le secret, le commun secret de la popularité), avec cette même lâcheté il va se hâter de le mettre au conditionnel, le jugement, et d'en faire une figure, on eût dit. Comme ça tout le monde sera content. Le morceau qui demandait un couronnement, le poème qui montait aura une clef de voûte digne de lui, une clef de voûte qui sera de son même ordre de grandeur. Mais les radicaux ne seront point inquiétés. La grandeur voulue y sera tout de

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