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ŒUVRES POSTHUMES devant elle une prospection indéfinie de générations juges, de générations magistrats. Elle se voit une devant une indéfinité d'autres, devant une indéfinité d'ultérieures. Elle voit converger sur elle le regard innombrable, le regard indéfiniment plus nombreux de cette innombrable, de cette successivement innom- brable, de cette successivement indéfiniment plus nom- breuse postérité.

Elle croit, elle veut croire qu'à mesure qu'elles arrivent toutes ces générations ultérieures n'ont qu'une chose à faire, (laissant de côté la disposition, la dispo- nibilité, la compétence), qui est de la regarder, la considérer, elle génération présente, génération appe- lante, de la juger, de venir à leur tour, d'arriver à la regarder, à la considérer, à la juger, qu'elles n'ont qu'une chose à faire, qui est à leur tour d'ajouter un regard, une considération, un jugement à ce faisceau de regards indéfiniment croissant, de considérations, de jugements.

Au fond même, dans la pensée de la génération appe- lante, ce qu'elle nomme arriver, pour chacune des géné- rations juges, c'est tout simplement arriver à la voir, elle génération appelante. Ou du moins à la regarder.

Cette génération présente se voit, veut se voir sous les regards, sous les considérations, sous les jugements de générations innombrables, indéfiniment croissantes en nombre. De toutes les générations ultérieures de

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