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C L I

(Dit-elle). Il faut surtout se méfier de cet étoilées quand il rime non seulement avec ailées, mais avec ailées suivies d'un point d'exclamation et de trois points de suspension : ô mes strophes ailées !... Non. Quand ça marche bien, il n'a pas besoin de parler à ses strophes. Il n'a pas besoin de s'adresser à ses strophes. Quand ça marche bien, il sait à qui s'adresser. — Il serait peut-être temps, dit-elle, de trouver ma fiche. — Schin- derhannes, ce doit être un assassin encore celui-là :

Tandis qiïon va sacrer Vempereur Schinderhannes,

Il n'y en a que pour les assassins. Toutes les fois qu'on ne sait pas ce que c'est qu'un nom propre dans les Châtiments, (et quelquefois généralement dans tout Hugo), c'est un nom d'assassin. Cette grande prédilec- tion pour les assassins, c'est encore la grosse innocence de Hugo. Sa grosse ignorance. Du bien et peut-être surtout du mal. Ce n'est pas seulement un témoignage, une preuve, après tant d'autres, du goût qu'il avait pour l'antithèse. Evidemment, il avait besoin du mal pour l'opposer au bien, pour en faire antithèse au bien. C'est son goût, c'est son besoin maladif de l'antithèse qui le poussait ici. Mais une fois qu'il était dans le mal, (c'est bon, dit-elle, je lui accorde le mal), si ce n'était cette grande gaucherie qu'il y avait, cette ignorance et cette grossièreté, cette gratuité, cette grossière igno- rance, cette grossière innocence, il n'aurait pas eu besoin de se porter tout de suite à ces dernières extré-

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