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C L I Quand a lieu ce retournement, dit l'histoire. Au moment même que l'on s'y attendait le moins et qu'il y fallait le moins compter. Quand tout s'achevait dans une sécurité mortuaire. Quand on y était habitué et quand tout était habitué. Quand on n'y pensait plus. Quand tout s'achevait dans une sorte pour ainsi dire de tranquille halètement final. C'est à ce moment même, renversement inattendu, que la barre se retourne et dans son retournement elle ne se retourne pas seule- ment elle-même, elle ne revêt pas seulement elle- même une autre rime, elle ne prend pas seulement elle- même une fin de mot, (une rime), une fin de terne pour en faire son extérieure, son extrême rime ; sa propre fin : dans ce renversement, dans cette rime elle entraîne ses deux concomitants, ses deux huissiers, le premier et le troisième. C'est dire que dans ce brise- ment, dans ce retournement, dans ce renversement elle entraîne tout le couplet, le rythme, la situation, la rime, l'attente, tout. Plus on était tranquille, et plus on est défait, dit l'histoire. Plus on avait été embarqué par ces nénuphars dans la résolution même de la mort, plus dans cette résolution même et dans cette mort on est soi-même retourné dans le retournement de tout. Je ne sais pas, dit l'histoire, s'il y a dans toute l'histoire du rythme, de la rime, de la technique, un autre exemple, un autre tel exemple du saisissement que peut donner, au moment que l'on croyait saisir le couronnement d'un poème, ce retournement de tout :

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