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CLIO

Moi qui ai quitté tant de monde, dit l’histoire, je ne puis me résoudre à quitter la mémoire de ce jeune homme. Je sais que Hugo m’attend. Mais quand je suis en proie à cette sorte de mélancolie, quand je savoure cette sorte de mélancolie, quand je m’attarde à cette sorte de mélancolie je ferais attendre même Hugo. Je ne quitterai donc point ceux-ci sans relire la dernière lettre de la comtesse à Chérubin, et la réponse écrite sur la même lettre. — « Malheureux insensé ! lui écrit la comtesse, notre sort est rempli. La surprise nocturne que vous avez osé me faire dans un château où vous fûtes élevé, dont vous connaissez les détours ; la violence qui s’en est suivie ; enfin votre crime, — le mien. . . — Condamnée désormais à des larmes intarissables, je sens quelles n’effaceront point un crime... dont l'effet reste subsistant. Ne me voyez jamais : c’est l'ordre irrévocable de la misérable Rosine... qui n’ose plus signer un autre nom. » — Mais faisons comme le comte, dit l’histoire, voyons la réponse écrite sur la même lettre. — « Puisque je ne dois plus vous voir, lui avait répondu Chérubin, la vie m’est odieuse, et je vais la perdre avec joie dans la vive attaque d’un fort où je ne suis point commandé.

« Je vous renvoie tous vos reproches, le portrait que j’ai fait de vous, et la boucle de cheveux que je vous dérobai. L’ami qui vous rendra ceci quand je ne