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ŒUVRES POSTHUMES et la plus profonde. Fut-il jamais mélancolie plus pleine de mémoire et plus commémoratoire et plus pleine de cette invincible connaissance, de ce sens profond que le temps lui aussi est une mer inlabourable et que la mort est un océan qui ne se remonte pas. Gomme tous ces mots portent, qui ne voulaient point porter, qui n'étaient point faits, qui n'étaient point nés pour por- ter. Un certain Léon d'Aslorga, qui fut jadis mon page, et que l'on nommait Chérubin... Voici comme réagit à l'évocation de ce souvenir notre Bégearss. Bégearss, c'est notre Tartufe du monde moderne, qui vient doubler le Tartufe ancien régime. On l'a fait Irlandais, ce nouveau Tartufe, cet autre Tartufe; et on l'a fait major ; et on l'a fait servir dans un régi- ment d'infanterie espagnole. On ne sait pas bien pour- quoi toul cela. Il est vrai qu'il fallait bien qu'il eût un état de situation. Dans ce régiment d'infanterie espa- gnole il a connu notre Chérubin. Le nouveau Tartufe a connu l'ancien Chérubin. Le nouveau Tartufe a servi dans le même régiment que l'ancien Chérubin. Voici comme il réagit à cette évocation :

Begearss. — Je l'ai connu ; nous servions dans le régiment dont je vous dois d'être major. Mais il y a vingt ans qu'il n'est plus.

Le comte. — C'est ce qui fonde mon soupçon. Il eut V audace de V aimer. Je la crus éprise de lui ; je l'éloi- gnai d'Andalousie par un emploi dans ma légion.

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