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ŒUVRES POSTHUMES

professionnels de la jeunesse, et de ce qu'il y a déjeune dans une jeunesse française. Les professionnels de la jeunesse, c'est peut-être aussi triste que les profession- nels de l'amour. De la même tristesse et de la même mélancolie. Tout s'était réuni pour faire de ces deux comédies (de la deuxième plus encore peut-être que de la première, malgré les apparences), une sorte de moment unique, d'heure unique de jeunesse réussie. Le talent, le génie, la race de l'auteur, l'esprit de l'au- teur, l'intelligence de l'auteur, l'esprit et l'intelligence au moins égale et parfaitement accordée de son public, toute une atmosphère de jeunesse et d'esprit, tout un climat d'un peuple et d'une société, tout un climat unique réalisé une fois, tout un certain point de jeu- nesse de tout un régime et de tout un monde, vingt fées s'étaient donné rendez-vous pour faire de ces deux pièces le moment unique, l'heure même de la jeunesse, l'heure sonnante, et de ces deux comédies plus que la comédie pour ainsi dire professionnelle de la jeunesse, ecesp et quatre ou cinq personnages les types mêmes de la jeunesse.

Plus on y avait réussi, tout le monde s'y mettant, l'auteur, le public, l'âge d'un peuple et d'une société, les conjonctures, les conjonctions, la mémoire, la tradi- tion, une sorte de consécration universelle, plus ces quatre ou cinq personnages étaient investis, consa- crés, constitués, institués princes de la jeunesse, plus il est poignant, plus il est unique de les voir hors de page. Et cela pendant toute une pièce. Car je n'ai pas besoin

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