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OEUVRES POSTHUMES

��Pourtant ce n'est point encore ce coup de génie, dit l'histoire, que pour aujourd'hui je retiens de ce drame. Si j'étais professeur d'histoire, (dit l'histoire), j'en retien- drais que c'est, ou enfin que ça fait une bonne leçon d'histoire. Ça fait proprement vingt ans après dans l'histoire de France et peut-être dans l'histoire du monde. Si j'étais professeur d'histoire de France, (dit l'histoire), et peut-être d'histoire du monde, je ferais lire cette pièce à mes élèves. Ou plutôt je me ferais une voix plus douce que le miel. Car je me ferais une voix aussi suave que celle de notre maître M. Lanson et je la leur lirais moi-même. Je leur lirais d'abord les deux comédies ; et ensuite je leur lirais le drame. 1775, 1784, 1792, rien ne pourrait marquer ces trois dates dans l'histoire de France et dans l'histoire du monde, rien aussi fidèlement, rien aussi exactement, rien aussi pro- fondément, pour tout dire d'un mot rien ne pourrait dater ces trois dates comme ces trois pièces et par suite comme une lecture de ces trois pièces. Rien ne permet- trait autant de mesurer la différence de temps, la diffé- rence de ton, enfin ce qui fait proprement l'histoire et l'âge et l'événement d'un peuple et du monde. Je vou- drais donner à mes élèves le goût même, la saveur pour ainsi dire physique de ce que c'était que 1775, 1784 et 1792 : je leur lirais simplement ces trois pièces.

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