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ŒUVRES POSTHUMES

Tout cela est toujours de moi, dit l'histoire. La pre- mière d'une pièce, c'est son entrée solennelle dans le royaume du temps.

Par son entrée, par sa première une pièce entre solennellement, déclare solennellement qu'elle se met, qu'elle entre sous le gouvernement du temps.

C'est une entrée en matière de temps. Ce que nous faisons tous plus ou moins obscurément, la pièce est forcée de le faire par une prise de date.

Or, dit l'histoire, en 1792, il y avait d'autres pre- mières que la première de la Mère coupable. Il y avait même une certaine concurrence.

��Non pas qu'il suffise de naître pour vivre, dit-elle. Mais, pour vivre, il est nécessaire d'être né. Il y a une certaine pente que l'on ne descend pas toujours, mais que l'on ne remonte jamais. Que toujours l'on ne remonte pas. Celui qui est né ne vit pas toujours. Mais celui qui n'est pas né, toujours ne vit pas. Nous retrouvons ici, nous rejoignons notre plus vieille loi temporelle, la loi même de l'événement, la loi même de l'écoule- ment du temps et pour parler bergsonien de l'écoule- ment de la durée, cette vieille, cette totale, cette uni- verselle loi de l'irréversibilité, à qui rien (de temporel) n'échappe, à laquelle, dit l'histoire, je vois que le

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