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tune même. Or les pièces de théâtre ont cette clause dans leur nature même et dans leur institution qu'elles ont despremières. C'est-à-dire officiellement et formel- lement et solennellement des jours d'inscription. Des jours de leur inscription. Elles nous convoquent. Nous y allons. Tant pis pour elles si ce jour-là elles man- quent leur inscription. Elle est vraisemblablement manquée pour toujours. Ces sortes de procès ne se revisent guère. On ne peut pas manquer aussi solen- nellement la première d'un livre, ou d'un tableau, ou d'une statue. Un livre, un tableau, une statue ne peu- vent pas manquer aussi formellement, aussi officielle- ment leur entrée dans le monde. Un livre, un tableau, une statue ne peuvent pas manquer leur première, parce qu'en somme ils n'ont point de première. Ni même les monuments et bâtiments du roi, malgré le jour de l'inauguration par le Président de la Répu- blique. Ni les livres malgré le lancement et le célèbre jour de lancement des éditeurs. Ni les tableaux ni les statues malgré les salons et les célèbres vernissages. Au contraire une pièce de théâtre peut toujours man- quer sa première, parce que organiquement, techni- quement elle a toujours une première. La première fait partie de son état, de sa sorte. De sa nature. Elle est son appareillage même. Il faut qu'il y ait une pre- mière pour une pièce comme il faut qu'il y ait un lan- cement pour un bateau. Une pièce qui n'aurait pas de première serait comme un bateau qu'on ne lancerait pas. Alors elle ne naviguerait jamais.

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