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ŒUVRES POSTHUMES

��— Et la peine, dit-elle lentement, est-ce pas la même peine, et les larmes, est-ce pas les mêmes larmes, et les funérailles, est-ce pas les mêmes funérailles.

��Un esprit frivole, dit-elle, lui-même un esprit léger traiterait légèrement notre vieux Malbrou. Rien n'est aussi triste que nos chansons populaires, d'une aussi noble et aussi antique et aussi ancienne et aussi authen- tique et aussi profonde et grave tristesse et mélan- colie. Nulle ne fait exception, ni celles qui parlent de guerre et de conquête, ni celles qui parlent de villes et de pays et de mer et de plaine et de voyage, ni celles qui parlent du trône et de la fille du roi. Ni celles... Les plus profondément graves et les plus profondément tristes et les plus profondément pieuses sont naturelle- ment celles qui parlent d'amour. Et elles en parlent toutes.

Du même Malbrou une jeunesse de grâce et une mortelle vieillesse et procession de mort, du même Malbrou une romance de grâce et le plus affreux cor- tège de funérailles sont successivement et pour ainsi dire également sortis. Mais c'est que tout était déjà dans ce Malbrou. Oui ce Malbrou est une chanson d'ironie et de polémique et de pamphlet, un pamphlet

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