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les autres, je suis un professeur de lettres. Pour compliquer notre formule nous allons y introduire la rime (après les nombres et les chiffres arabes, je veux dire après les nombres en chiffres arabes, et après les parenthèses fermées, puisque la rime vient en fin du vers). Est-ce pas là une belle raison. Notre formule deviendra ainsi d’autant plus mathématique que, toutes les fois que la rime sera libre, ou indéterminée, c’est-à-dire toutes les fois qu’elle ne sera point forcée d’être en aine, comme dans le refrain, nous ne manquerons pas de l’affecter du symbole de l’indétermination. — Mon vieux, dit tout à coup l’histoire, (et cette familiarité me choqua), le premier couplet de Malbrou s’en va-t- en guerre devient enfin :

Ici elle hésita un instant. Mais quel symbole de l'indétermination allons-nous prendre, dit-elle. Mes collègues de mathématiques m’en donnent au moins trois.

Il y aurait zéro sur zéro : 0/0 . Il y aurait l'infini sur l’infini : ∞/∞. Il y aurait aussi l'infini multiplié par zéro, (ou, se hâta-t-elle d’ajouter, zéro multiplié par l'infini, car je sais très bien que dans un produit on peut intervertir l’ordre des facteurs), soit : ∞ X 0 (ou ∞ x 0). Je crois, dit-elle d’un air entendu, que je m’arrêterai au troisième et dernier de ces symboles. Il est plus savant. Il est plus complet. Il intéresse à la fois zéro et l'infini. Notre premier couplet du vieux Malbrou devient ainsi :