DES SAINTS INNOCENTS Tout le reste n’est plus que soumissions. C’est pour cela, dit Dieu, que nous aimons tant ces Français, Et que nous les aimons entre tous uniquement Et qu’ils seront toujours mes fils aînés. Ils ont la liberté dans le sang. Tout ce qu’ils font, ils le
font librement. Ils sont moins esclaves et plus libres dans le péché même Que les autres ne le sont dans leurs exercices. Par eux
nous avons goûté. Par eux nous avons inventé. Par eux nous avons créé D’être aimés par des hommes libres. Quand saint Louis
m’aime, dit Dieu, Je sais qu’il m’aime. Au moins je sais qu’il m’aime, celui-là, parce que c’est
un baron français. Par eux nous avons connu D’être aimés par des hommes libres. Tous les proster-
nements du monde Ne valent pas le bel agenouillement droit d’un homme
libre. Toutes les soumissions, tous les accablements
du monde Ne valent pas une belle prière, bien droite agenouillée,
de ces hommes libres-là. Toutes les soumissions du
monde Ne valent pas le point d’élancement Le bel élancement droit d’une seule invocation D’un libre amour. Quand saint Louis m’aime, dit Dieu,
je suis sûr, Je sais de quoi on parle. C’est un homme libre, c’est un
libre baron de l’Ile de France. Quand saint Louis
m’aime Je sais, je connais ce que c’est que d’être aimé.
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