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À force de jeûner, c’est tout ce qui tarit,
C’est tout ce qui périt, tout ce qui dépérit,
Et tout ce qui surit et tout ce qui pourrit ;

Les armes de Satan c’est la sève appauvrie,
C’est le sang répandu, la branche rabougrie,
Le rameau desséché, la prude renchérie ;

Les armes de Satan c’est tout ce qui flétrit,
Rapetisse, avilit, injurie, amoindrit,
C’est tout ce qui méprise et tout ce qui meurtrit ;

Les armes de Jésus c’est tout ce qui nourrit,
C’est tout ce qui boutonne et tout ce qui périt
Aux jardins de Touraine et tout ce qui mûrit ;

Les armes de Jésus c’est un cœur tout fleuri,
Plus que le jeune cœur au printemps refleuri,
C’est le cœur à l’automne à jamais défleuri ;

Les armes de Satan c’est la paix et la guerre,
Les peuples éventrés, les sacrements par terre,
La honte, la terreur, la rage militaire ;

Les armes de Jésus c’est la guerre et la paix,
Les peuples respectés et les derniers harnais
De guerre suspendus aux frontons des palais ;