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Et plus que le printemps impudemment fleuri,
Et plus que le printemps effrontément fleuri,
C’est le pudique automne à jamais défleuri ;

Les armes de Jésus c’est un peuple chéri
Comme un fils qui revient, c’est un mourant guéri
Par son extrême onction, c’est un peuple aguerri

Par une juste guerre et le marin péri
Au péril de la mer, le navire atterri
Dans le recreux du port, tout un peuple nourri

De quelques poissons secs, tout un monde nourri
D’une seule victime et le raisin mûri
Pour le vin du calice et l’autre vin suri

Pour l’éponge et la lance et le vinaigre aigri ;
Les armes de Jésus c’est le levain pétri
Au milieu de la pâte et lui-même suri ;

Les armes de Satan c’est le fleuve tari,
C’est chez l’équarrisseur le cheval équarri,
C’est l’enfant affamé, c’est le pain renchéri ;

Les armes de Satan c’est le cœur mal guéri
De la vieille blessure et c’est le cœur tari
À force de saigner et le cœur mal nourri