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Du sang du malheureux, le serpent qui redresse
La tête et c’est aussi le vigneron qui presse
La grappe et fait jaillir le vin doux et l’ivresse ;

Les armes de Jésus c’est toute forteresse
Qui tient et c’est la noble et la pure caresse
De la mère à l’enfant et c’est la maladresse

De l’homme pas malin et la sourde tendresse
De la mère à la fille afin que reparaisse
En cette enfant naissante une même tendresse

Et dans le temps futur une même caresse
Et ce même regard et cette même tresse
Blonde qui fleurira, cette même détresse

Qui sera consolée, et cette âme pauvresse
Et dans le dernier temps une même allégresse ;
Les armes de Jésus c’est l’homme qui s’adresse

Directement à Dieu, c’est l’homme qui s’adresse
À quelque saint patron, c’est l’homme qui se dresse
Contre l’iniquité, c’est l’homme qui s’empresse

À panser le blessé, c’est la fraîche compresse
Sur la cuisante plaie et l’homme qui s’engraisse
De sanglots et de pleurs, de peine et de détresse,