Les armes de Jésus c’est l’angélus du soir
Et celui du matin, le calme reposoir
Dans la procession, l’éclatant ostensoir
Balancé sur les fronts comme un soleil ardent ;
Les armes de Satan c’est la griffe et la dent,
Le nez mal retroussé, le regard impudent ;
Les armes de Jésus c’est le calme du soir,
C’est la procession assise au reposoir
De feuilles et de fleurs, c’est le lourd ostensoir
Levé dessus les fronts comme un soleil levant,
Les armes de Jésus c’est la pluie et le vent
Qui souffle sur la nef et c’est le cœur fervent ;
C’est le fruit qui mûrit aux planches du dressoir,
C’est l’enfant qui se couche et qui vous dit bonsoir
Et s’endort en priant, c’est le lourd ostensoir
Haussé dessus les fronts comme un soleil couchant,
C’est le souple vallon, c’est le coteau penchant,
L’église dans la plaine et la prose et le chant ;
C’est la grappe giclant sous l’énorme pressoir,
C’est l’étang répandu dessus le déversoir,
C’est l’encens balancé dans le lourd encensoir ;
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