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I. E M V S T È H E J’ai vu des journées ardentes comme des flammes. Des jours d’été de juin, de juillet et d’août, .l’ai vu des soirs d’hiver posés comme un manteau. J’ai vu des soirs d’été calmes et doux comme une

tombée de paradis Tout constellés d’étoiles. J’ai vu ces coteaux de la Meuse et ces églises qui sont

mes propres maisons. Et Paris et Reims et Rouen et des cathédrales qui sont

mes propres palais et mes propres châteaux. Si beaux que je les g-arderai dans le ciel. J’ai vu la capitale du royaume et Rome capitale de

chrétienté. J’ai entendu chanter la messe et les triomphantes

vêpres. Et j’ai vu ces plaines et ces vallonnements de France. Qui sont plus beaux que tout. J’ai vu la profonde mer, et la forêt profonde, et le cœur

profond de l’homme. J’ai vu des cœurs dévorés d’amour Pendant des vies entières Perdus de charité. Brûlant comme des flammes. J’ai vu des martyrs si animés de foi Tenir comme un roc sur le chevalet Sous les dents de fer. (Comme un soldat qui tiendrait bon tout seul toute une

vie Par foi

Pour son général (apparemment) absent). J’ai vu des martyrs flamber comme des torches Se préparant ainsi les palmes toujours vertes.

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