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DES SAINTS INNOCENTS

Ce sera de faire descendre comme un baume du soir. Comme après la blessure d’un ardent midi la grande

tombée d’un beau soir d’été La lente descension d’une nuit éternelle.

nuit sera-t-il dit que je t’aurai créée la dei’nière. Et que mon Paradis et que ma Béatitude Ne sera qu’une g^rande nuit de clarté. Une grande nuit éternelle

Et que le couronnement du jugement et le commen- cement du Paradis et de ma Béatitude sera Le coucher de soleil d’un éternel été.

Or il en serait ainsi, dit Dieu.

Et tout ce que je pourrais mettre sur les bords des

lèvres Des plaies des martyrs Ce serait le baume, et l’oubli, et la nuit. Et tout s’achèverait de lassitude, Cette énorme aventure, Comme après une ardente moisson La lente descension d’un grand soir d’été. S’il n’y avait pas ma petite espérance. C’est par ma petite espérance seule que l’éternité sera. Et que la Béatitude sera. Et que le Paradis sera. Et le ciel et tout. Car elle seule, comme elle seule dans les jours de cette

terre D’une vieille veille fait jaillir un lendemain nouveau

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