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grands patrons, les plus saints, les plus grands patrons du monde, et au dessus de tous les saints vous êtes patronné, vous avez la sainte Vierge notre Dame. Vous avez donné le jour et vous avez donné l’exercice à de grands saints et éternellement ils veilleront sur vous, éternellement ils vous patronneront, car éternellement assis à la droite ils prieront pour vous. Éternellement ils vous protégeront, éternellement ils vous couvriront de leurs prières. Or vous n’êtes rien, villes chrétiennes, grandes villes, résidences de chrétienté, chaires, cathédrales de sainteté vous n’êtes rien. Car tout a été pris, une fois pour toutes ; et rien n’est plus à prendre. Tout a été pris, tout ce qui compte, une fois pour toutes, un jour pour éternellement. Et il ne reste plus rien, mes enfants, rien à prendre, de ce qui compte. Car je vous le dis en vérité ce petit bourg perdu a tout pris, un jour, une fois dans le temps ; une fois dans l’éternité ; une fois pour toutes, une fois pour toutes les fois ; un jour, furtif, il a tout pris pour éternellement tout ce qui compte. Et vous, grandes villes, villes chrétiennes, qu’est-ce qui vous reste. Qu’est-ce que vous êtes. Car vous vous attardez à produire des saintes et des saints, et pendant ce temps-là Jésus est le saint de cette paroisse-là, qui n’est peut-être plus, hélas, une paroisse. Chrétienne. Même une paroisse. D’autres ont saint Loup et saint Gratien ; d’autres ont saint François ; d’autres ont notre Dame même. Vous autres gens du pays picard vous en avez d’autres ; et d’autres aussi vous autres gens du pays de Bourges. Et vous Nancy, ville proche, paroisses prochaines, vous autres, vous gens de Nancy, vous avez le grand saint Nicolas. Vous Toul, notre diocèse, vous avez ce que vous avez.